Merci à Jean-Louis, Lise et Martine
Une vraie hivernale
En ce dimanche, l’arrivée au col de la Loge sur des routes enneigées
et verglacées n’est pas chose facile. Pourtant tout le monde est là, même si
certains ont failli renoncer… Nous commençons par installer nos affaires dans
la chambre, ce qui a le mérite d’alléger un peu les sacs. Un chocolat et
quelques bavardages plus tard, nous voilà partis pour affronter la piste 13, ses
douze kilomètres et ses belles pentes. La neige est profonde, très belle, toute
neuve et nous nous régalons. La forêt nous protège, mais dès que nous arrivons
sur le plateau à découvert, le vent nous cueille, le froid se fait plus vif.
Pour pique-niquer chacun se cherche un abri – bien dérisoire au demeurant -
sous un arbre un peu rabougri au ras du sol. Les plus précautionneux d’entre
nous ont prévu un thermos de boisson chaude que l’on partage. La descente est
raide, mais la neige freine les accélérations intempestives et protège des
chutes. Plus nous approchons du col, plus la vie reprend, la luge bat son plein
malgré le brouillard. Nous apprécions le retour au sec, près du feu de bois. Le
confort du gîte est spartiate, mais la chaleur de l’accueil et le vin chaud
nous font oublier les contraintes matérielles.
Le lendemain, le brouillard est toujours là et la neige tombe à l’horizontale.
Notre hôtesse pense nous garder, mais nous prenons la route avec nos sandwiches
en lui promettant de revenir si la météo s’aggrave. La piste entre les deux
cols est par bonheur balisée avec de grands poteaux orange bien visibles. Au
début, elle emprunte le trajet du GR3. Après la Montagnette, elle le quitte
pour descendre dans le vallon par la forêt. Il faut traverser plusieurs
ruisseaux, opération délicate, un bain de siège ou même de pieds est
parfaitement inopportun. Notre guide sonde les éventuels ponts de neige et nous
passons tous sans encombre les obstacles. Aux Deux Boules, nous sommes à
découvert, le vent nous gifle. Bien vite, nous reprenons la forêt pour un
moment avant de ressortir au Pas de la Croix. Le brouillard nous entoure, l’itinéraire
est incertain, nous montons à Roche Courbe en scrutant les piquets. La table d’orientation
est déserte, on se demande bien pourquoi ! Nous commençons à redescendre
et bientôt, nous apercevons le gîte, rassurant. C’est le début de l’après-midi,
nous sortons le repas du sac et mangeons au chaud. Sieste, flânerie, papotage
occupent le reste de la journée et nous ne ferons pas de vieux os après le
repas du soir.
Pendant la nuit, nous entendons le vent qui souffle par rafales. Au
matin la neige parfaitement égale semble avoir été balayée. Nous nous rendons
bien vite compte que sous cette uniformité se cachent des congères parfois
profondes. Nous prenons un itinéraire qui comporte une version courte et une
version longue que nous choisirons en fonction de la suite des événements. Nous
avançons très lentement, plongeons de temps en temps dans la poudreuse, un bâton
perdra sa rondelle qui restera ensevelie sous la neige. Nous sommes seuls dans
un désert blanc sauvage et magnifique. Au bout d’une heure, nous avons fait un
kilomètre, l’excès de vitesse ne sera pas pour cette fois-ci. Petit à petit,
nous atteignons les jasseries du Béal, les longeons et remontons la Roche
Courbe. La fin du trajet est beaucoup plus facile, nous doublons notre moyenne…
Nous sommes contents de repartir l’après-midi sur un autre itinéraire non
balisé et nous utilisons les grands poteaux rouges qui jalonnent le GR3 pour
nous orienter dans le brouillard. La route militaire où veillent des engins de
déneigement est une piste de retour très confortable.
Le lendemain, le brouillard est toujours là, le vent aussi ; la
neige a continué de tomber et le froid est beaucoup plus intense. Nous devons reprendre
le trajet en sens inverse, mais le brouillard est tel que nous ne reconnaissons
rien. Au Pas de la Croix où arrivent de nombreuses pistes, il est difficile de
savoir laquelle prendre. Tout est masqué dans un univers cotonneux et hostile. Nous
distinguons à peine les jalons orange qui, deux jours auparavant, était bien
visibles. Heureusement le GPS est là pour nous renseigner. Au fur et à mesure
que nous perdons de l’altitude, la visibilité augmente. Nous retrouvons la
forêt, les arbres qui ploient sous la neige et les ruisseaux qu’il faut à
nouveau traverser. La neige beaucoup plus abondante qu’à l’aller les masque, il
faut à nouveau sonder pour être sûr des passages. Nous croisons régulièrement
des pistes de skis où des sportifs s’adonnent à leur plaisir favori. Nous
revenons en pays habité ! Quand nous arrivons au carrefour de La
Montagnette, le plus dur est passé. Il nous reste à la grimper, puis à suivre
la longue descente jusqu’au col de la Loge. Remettre les voitures en état de
marche sera une nouvelle épreuve, assez compliquée.
Ainsi se termine cette quatrième hivernale programmée par Les Chemins
de Traverse. A chaque fois, c’est une nouvelle aventure différente de la
précédente, la météo et la neige constituent des éléments bien imprévisibles.
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