Merci à Lise
Un hiver en été
Dimanche
10 juillet 2016
A 9 h
pétantes, l’horloge à billes de Lavoine se met en marche. Aucun automatisme là-dedans,
mais l’intervention d’une personne qui protège le sommeil des riverains. Nous
attendions ce moment fatidique autour d’un café à l’auberge du village. Nous
contemplons le mécanisme pendant une bonne demi-heure, le temps de bien en
comprendre toutes les subtilités. Notre curiosité satisfaite, nous partons dans
la campagne bourbonnaise, à l’assaut du puy de Montoncel, point culminant de
l’Allier. Le soleil est généreux et nous faisons de larges pauses. Au sommet,
nous avons l’agréable surprise d’avoir un point de vue vers le sud grâce aux
coupes de bois réalisées récemment. Nous profitons au maximum de la fraîcheur
des forêts et nous arrivons à Chabreloche tout pavoisée de drapeaux en
l’honneur de la finale de l’euro de football qui a lieu le soir même. En
prévision d’une nuit bruyante, notre hébergeuse nous a placés au deuxième
étage, à l’arrière de la maison.
Lundi 11
juillet 2016
Il n’y
a eu qu’un malheureux klaxon dans la soirée et ce matin, à l’hôtel, après la
défaite de la France, les mines sont un peu tristes et l’ambiance morose. Nous
partons sous la pluie, heureusement, elle ne durera pas et les orages annoncés
par Météo France nous menaceront, mais nous épargneront toute la journée.
L’étape est difficile, elle commence par une pente très raide, le chemin habituellement
fort dégradé a été amélioré par l’exploitation du bois et c’est sur du sable
que nous progressons. Nous avançons d’un bon pas au milieu des bois, des paysages
agricoles et des champs de digitales particulièrement épanouies. Une autre
bonne surprise nous attend sur l’itinéraire : l’arrivée au Pas de Mousset
a été modifiée pour éviter la descente très malaisée dans un torrent de
cailloux. Plus nous approchons de Notre Dame de l’Hermitage, plus la forêt s’intensifie
et nous découvrons les bâtiments au tout dernier moment. Avant de nous répartir
dans les chambres, nous prenons un moment pour fêter l’anniversaire de Martine à
la buvette du couvent.
Mardi 12
juillet 2016
Nous
avons programmé la visite du site de Notre Dame avant le petit déjeuner. Bien
nous en a pris car à 9 heures, les rochers de Peyrotine sont masqués dans un
brouillard épais. Nous avons le temps d’admirer le site, de suivre le chemin de
croix taillé dans le rocher et de découvrir au hasard de nos pérégrinations les
statues, monumentales ou minuscules, témoins de l’histoire du lieu. Nous plongeons
avec délices dans le silence et la sérénité de ce site où se croisent tout au
long de l’année touristes et pèlerins. Nous faisons halte aux deux chapelles,
en profitons pour boire un peu de l’eau de la source miraculeuse, ça ne peut
pas faire de mal, et arrivons à la croix Saint Guillaume où nous découvrons,
scandalisés, que des personnes sans respect pour l’histoire, ont balisé un itinéraire
sur une croix armoriée, alors qu’il y a des arbres tout autour… La pluie nous
accompagne toute la journée ; le café au col de la Loge devant un feu de
cheminée nous procure un grand plaisir. Il faut néanmoins repartir sous une
pluie, battante cette fois-ci, et c’est trempés que nous arrivons au col
du Béal. Nous réchauffer, faire sécher le linge, bourrer les chaussures de papier
journal, voilà les activités essentielles (!) qui nous occuperont toute la
soirée.
Mercredi
13 juillet
Les gérants, prévoyant une morne journée ne sont pas venus. Ils nous avaient préparé un plateau la veille et nous organisons notre petit déjeuner comme des grands. Le brouillard, le vent et le froid nous cueillent au sortir du gîte, un vrai temps d’hiver. Nous sortons polaire, bonnet et gants du sac et c’est tout emmitouflés que nous repartons. Pierre sur Haute est dans les nuages, nous voyons tout juste l’autre côté de la route. Nous changeons d’itinéraire, les crêtes, ce sera pour une autre fois… Le chemin de la vallée du Fossat est à l’abri, le brouillard est moins épais. Les fleurs sont en pleine forme, les veratres commencent de fleurir, les aconits aussi, surtout les « napel », les « tue mouches » ne sont qu’en boutons. Nous nous arrêtons à chaque tourbière pour chercher les droseras. Nous sommes seuls au monde depuis 3 jours, juste parfois un habitant dans un hameau traversé, mais aujourd’hui il n’y a pas de village… Il existe une forme de magie dans cet univers hostile où il n’y a pas âme qui vive hormis quelques animaux. A la croix du Fossat, un rayon de soleil nous réchauffe un peu. Nous traversons les plateaux et arrivons au Chalet des Gentianes où nous attendent une crêpe et un chocolat qui nous récompensent de nos efforts…
Jeudi 14
juillet
La
station météo du chalet annonce une température de 7° et un temps nuageux. Le
vent s’est calmé, nous pouvons longer la forêt des Allebasses sur son flanc
ouest. Nous inaugurons un nouvel itinéraire pour rejoindre le col des Pradeaux.
Surprise, nous rencontrons un groupe de cyclistes, à croire que les cyclistes
sont plus courageux que les pédestres, car des pédestres il n’y en a toujours
pas, même un jour férié… Nous pique-niquons sous un auvent de maison fermée,
poursuivons par un café à l’auberge du col et continuons sur de bons chemins
en direction du col de Chemintrand. Après le col, nous ne voyons pas le chemin
que nous aurions dû prendre, masqué par des arbres couchés et envahi de végétation, nous faisons une
petite erreur de navigation, ce qui nous vaudra un aller-retour pour finalement
trouver le chemin de crête prévu, après la traversée d’un bois à la boussole, il
ne faut pas perdre les bonnes habitudes... Une ferme restaurée avec beaucoup de
goût et de raffinement nous accueille et nous partageons une soirée sympathique
avec nos hôtes et un jeune couple venu faire de la randonnée dans la région. Si si,
les pédestres ça existe !
Vendredi
15 juillet
Au lever, nous apprenons avec effroi le drame qui a frappé Nice la veille. C'est un événement qui plombe sérieusement l'ambiance. Une toute petite étape termine notre itinérance. Le soleil est revenu. Nous prenons notre temps en faisant les lézards de temps en temps. Un vieux randonneur rencontré il y a longtemps au hasard d’un chemin disait que pour être randonneur, il fallait savoir marcher sous la pluie, sinon, on n’était qu’un plaisantin. Pas de souci, aux Chemins de Traverse, il y a de sérieux randonneurs mais... qui savent aussi randonner par beau temps. La gare de Craponne marque le terme de notre aventure. Il nous reste à retrouver nos voitures laissées ici et là. Des adhérents complaisants assurent un covoiturage assez complexe, mais efficace. Il est un peu difficile de retrouver la vie civile après six jours passés hors du temps, une parenthèse intimiste particulièrement ressourçante.
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